L'importance du sacré dans la vie de l'Eglise



Par M. l'abbé W. Hudson
Septembre 2001

Le sujet que je vais aborder ce soir concerne l’importance du sacré dans la vie de l’Église. Il convient tout d’abord de bien définir les termes : en effet, on pourrait éviter beaucoup de discussions inutiles en faisant cela. Trop souvent dans les débats, on oublie de bien définir le sujet dont on parle. Alors les discussions deviennent des dialogues de sourds, sans issue possible. Si nous ne sommes pas sûrs de ce qu’est l’Église, de ce qu’est le sacré, on peut difficilement parler de l’importance du sacré dans la vie de l’Église.

Le sacré, qu’est-ce que c’est ? Si on consulte un dictionnaire, on y trouve la définition suivante : « sacré : qui concerne la religion, le culte de Dieu. Consacré par une cérémonie religieuse – digne de vénération ». Toutes ces définitions sont bonnes, mais il me semble que pour l’homme ordinaire, pour le commun des mortels, le sacré soit autre chose.

Une chose sacrée est une chose mise à part, une chose qui est en dehors du quotidien et cette chose sacrée, à côté des choses ordinaires, est aussi quelque chose de très important. Lorsqu’on parle de sacré, on saisit tout de suite qu’il ne s’agit pas d’un petit rien sans valeur. Je parle ici toujours au sens général du mot « sacré ».

Pour aller plus loin, disons un mot de l’opposé du sacré : le profane. Le profane et le sacré sont des contraires. Quelque chose de profane est opposé à la religion ; ce qui nous indique que le sacré est intimement lié à la religion. La religion elle-même est sacré. On ne peut pas, en effet, concevoir une religion sans sacré. Mais sans doute, ce qu’il y a de plus important dans le sacré, c’est la notion d’union à Dieu. C’est dans cette notion que réside la raison d’être du sacré. Pourquoi une chose sacrée est différent du quotidien ? Pourquoi est-elle une chose importante ? Parce qu’il s’agit d’une chose de Dieu. La religion concerne nos devoirs envers Dieu, c’est pourquoi le sacré est, en quelque sorte, à la racine de la religion, de notre religion, de notre foi chrétienne, de notre foi catholique. Notre religion n’est pas quelque chose d’ordinaire, elle sort du quotidien, elle n’est pas un petit rien. Non ! elle est quelque chose de très important, quelque chose de sacré parce qu’elle concerne Dieu.

Ce soir, je vous parle en tant que prêtre catholique, je m’adresse à vous en tant que membre de l’Église, notre Église, Une, Sainte, Catholique et Apostolique, la seule fondée par Notre-Seigneur Jésus-Christ. Nous avons parlé du sacré et nous avons défini ce mot. Mais notre sujet concerne l’importance du sacré dans la vie de l’Église. Nous devons alors tourner nos regards vers l’Église. Le Cardinal Journet, grand théologien de l’Église, fait remarquer qu’il y a trois regards possibles sur l’Église.

En premier lieu, il y a le regard de l’observateur superficiel, du statisticien, de l’historien des religions quand il se borne à faire œuvre descriptive. L’Église se présente à eux comme une société religieuse parmi les autres. Il leur est relativement facile, à un premier stade, de l’isoler du groupe des autres religions chrétiennes ou non chrétiennes, de décrire son type de gouvernement, ses structures, son enseignement et ses usages cultuels, son sacrifice, ses sacrements et ses prières liturgiques.

Un observateur pénétrant ira plus loin. Il saura reconnaître la qualité des valeurs qui signalent l’Église catholique. Il s’élèvera peut-être jusqu’à discerner dans sa constance, dans son unité, dans son universalité un ensemble des caractères extraordinaires en quelques sorte miraculeux.

Il y a enfin un troisième regard sur l’Église : le regard de la foi. L’Église apparaît alors dans son mystère, dans sa réalité profonde, comme le corps du Christ, habité par l’Esprit-Saint, qui la dirige et demeure en elle comme son hôte.

Il me semble que parmi les différentes définitions possibles de l’Église, la notion de Corps du Christ nous parle le mieux. L’Église n’est pas une organisation comme les autres : l’histoire de l’Église ne se décrit pas comme l’histoire d’un pays, d’une nation. L’Église n’est pas une réalité purement humaine. Nous chrétiens, nous savons que Dieu s’est fait homme : l’Incarnation, la réalité d’un Dieu vraiment Dieu et vraiment homme dans la personne de Notre-Seigneur Jésus-Christ est quelque chose d’unique. Vous ne trouverez pas cela dans d’autres religions : c’est inconcevable pour un juif ou un musulman de penser que Dieu devient homme : plus qu’inconcevable, c’est un blasphème.

En devenant homme, il y a maintenant plus que 2000 ans, Dieu a pris un corps humain : mais l’Église aussi est le corps du Christ, comme l’enseigne St Paul, comme l’explique merveilleusement l’encyclique de Pie XII « Mystici Corporis ». L’Église, c’est « Jésus-Christ répandu et communiqué dans le temps » nous dit Bossuet. Notre-Seigneur est devenu homme, il nous a sauvé par sa Passion, sa mort sur la Croix et la victoire de sa résurrection. Puis 40 jours après il est monté au Ciel en triomphe, le jour de l’Ascension. Mais il ne nous a pas laissés seuls, il nous a donné son Église fondée sur Pierre. Jésus-Christ est tête de cette Église et nous sommes les membres. Par notre baptême, nous sommes devenus membres du Corps du Christ, de l’Église, et ainsi nous espérons participer à sa victoire sur le mal, sur le péché, sur la mort.

Le Christ et son Église sont inséparables. Voici comment nous voyons le lien intime du sacré et l’Église. Nous avons vu que le sacré se réfère à Dieu : Dieu est notre Créateur : Il est tout puissant, Il n’est pas limité, Il voit tout. Dieu est différent de nous, voilà pourquoi le sacré est quelque chose qui sort du commun, quelque chose de différent, quelque chose de très important.

Et l’Église elle-même est quelque chose de sacré : elle est fondée par Dieu lui-même, elle est le moyen du salut du monde, l’unique arche du salut. Elle nous sanctifie par ses sacrements et sa prière. Ses ministres sont consacrés, c’est-à-dire, mis à part du monde. C’est la raison pour laquelle ils doivent se distinguer par le port d’un habit différent de celui des autres hommes comme nous le rappellent le Droit de l’Église et le Pape Jean-Paul II. L’Église précise que le mot habit signifie un vêtement, normalement la soutane, et pas simplement un signe distinctif, comme par exemple une petite croix. Les prêtres catholiques ne sont pas comme les autres hommes : voilà pourquoi dans les signes extérieurs, toutes ces choses, ces réalités de l’Église doivent être différentes du profane. Ici donc nous comprenons mieux l’importance du sacré dans la vie de l’Église.

Si je vous demande qu’est-ce que la vie de l’Église concrètement pour vous, en tant que fidèle : quelle est le contact le plus fréquent que vous avez avec l’Église, vous me parlerez sans doute de votre fréquentation de l’église le dimanche. En effet, nous sommes obligés, tous, par un commandement de Dieu de sanctifier le dimanche. Un commandement de l’Église nous oblige, sous peine de péché grave, d’assister à la messe chaque dimanche à moins d’un empêchement réel et sérieux. Oui vous aurez raison, la messe dominicale est le lien le plus important entre les chrétiens et l’Église. Je dois vous parler alors de l’importance du sacré dans cette rencontre, de l’importance du sacré dans la liturgie.

Tout homme (et femme) est obligé de rendre un culte à Dieu et l’homme n’est vraiment lui-même que lorsqu’il adore. L’adoration est le signe par lequel la créature s’identifie et se résume. L’homme créé par Dieu doit adorer son Créateur. Comment définir l’adoration ? Elle est, au sens le plus large, une libre et amoureuse soumission de tout l’être envers la transcendance divine, par lequel le croyant reconnaît les droits souverains de Dieu sur la créature. Mais ce que la Révélation devait apporter d’original marquera un seuil. D’abord la notion de surnaturel. La divinité cessera d’apparaître comme une force supérieure situé au sommet de la série ascendante des forces de la nature, elle se situera sur un plan infiniment supérieur à l’ordre naturel. Dieu, si vous voulez, nous dépasse : voilà la notion de la transcendance divine.

L’oubli de cette réalité, que Dieu n’est pas à notre niveau, a plongé le monde dans une situation dramatique : c’est le commencement de la grande apostasie annoncé par l’Ecriture. Le monde actuel se meurt de l’effacement du surnaturel. Culte de l’homme, du social, affirmation du moi, égoïsme – qui peut prétendre que ce naturalisme n’a pas pénétré dans la manière de prier de l’homme moderne ? Cela apparaît sous les formes les plus diverses : obsession de nouveautés et d’adaptation, invasion de la musique moderne et des langues vulgaire, inculturation, qui noie l’inaltérable prière de l’Épouse dans le flot toujours mouvant de la sensibilité du jour. Créativité enfin, qui est une des formes les plus subtiles de l’orgueil humain. Résumons en un mot : l’homme moderne cède à la tentation d’adapter la religion à l’homme au lieu d’adapter, comme l’Église cherche à le faire depuis des siècles, l’homme à la religion.

Quel remède à ces déviations ? Il n’y en a qu’un : la redécouverte du sacré. L’Église doit se tourner vers Dieu dans sa prière. Autel, prêtre, fidèle doivent se tourner en esprit d’adoration vers la majesté infinie de Dieu. La liturgie doit être essentiellement adoratrice. La messe face au peuple, jamais demandée par le concile Vatican II, est inepte. « Il y a péril, dit le Cardinal Ratzinger, quand le caractère communautaire tend à transformer l’assemblée en un cercle fermé. Il faut réagir de toutes ses forces contre l’idée d’une communauté autonome et autosuffisante : la communauté ne doit pas dialoguer avec elle-même : elle est une force collective tournée ver le Seigneur qui vient. » (Entretien sur la Foi)

Voyons alors l’importance du sacré tout d’abord dans l’orientation de nos églises : que les lecteurs de l’épître et de l’Evangile se présentent face aux fidèles, je le conçois dans le cas de votre paroisse. Mais ensuite, dès que commence la partie sacrificielle, le célébrant monte à l’autel et, tourné vers le Dieu trois fois saint, il offre la victime sainte et sans tache, Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui s’offre pour la rémission de nos péchés.

Au Canon de la messe, le prêtre lève les yeux vers la Croix et s’incline profondément dans une attitude d’adoration et de révérence. Il se présente alors vers l’Orient, face au Seigneur crucifié qui est aussi le Seigneur de gloire, parce que c’est de l’Orient que le Fils de l’Homme reviendra, entouré de ses Anges avec une grande puissance et une grande majesté. Dans la liturgie, nous devons retrouver cet aspect théocentrique, centré sur Dieu, le sacré, qui nous fait tourner vers Dieu même dans le placement du mobilier de l’église.

Mais le sacré n’est pas quelque chose de négatif, quelque chose de sévère, quelque chose de triste. La beauté des rites sacrés anoblit les âmes, elle les élève en exerçant sur elles, une suave attirance du Ciel. La tradition, la vraie tradition, de l’Église est joyeuse. La liturgie de l’Église doit être belle. Un historien des religions remarque qu’on entre dans l’Église par deux portes : la porte de l’intelligence et la porte de la beauté. La porte étroite dit-il est celle de l’intelligence : elle s’ouvre aux intellectuels et aux savants. La plus large est celle de la beauté. Henri Charlier disait dans le même sens : « il faut perdre l’illusion que la vérité puisse se communiquer avec fruit sans l’éclat qui lui est connaturel et qu’on appelle le beau. »

Voici pourquoi l’Église a toujours eu un très grand souci pour le beauté dans ses églises, pour les objets du culte, pour les rites eux-mêmes. C’est une erreur, une erreur grave, de construire des églises qui ressemblent à des usines à l’extérieur et à des salles de réunion à l’intérieur : d’y installer des autels qui sont des blocs de béton, de célébrer les saintes mystères avec des vases en terre. Nous avons besoin de la majesté dans nos églises, de l’éclat de la liturgie, de la douceur de nos chants.

La beauté liturgique mérite d’être appelée la splendeur du vrai. Elle ouvre aux petits et au grands les trésors de sa magnificence : beauté de la psalmodie, chant et littérature sacrée, lumières, harmonie des mouvements, dignité du maintien. C’est de cette manière que la liturgie traditionnelle exerce une véritable séduction sur les âmes, qu’elle touche directement, avant même de mouvoir les énergies de l’esprit. Mais c’est un art délicat, aux antipodes d’une certaine liturgie post-conciliaire, comme nous le dit le Cardinal Ratzinger, que je cite ici : « Devenant opaque et ennuyeuse, par son goût du banal et du médiocre, au point d’en donner le frisson. »

Craignant également la race des animateurs, ou plutôt agitateurs, qui se mêlent d’introduire du nouveau dans la célébration pour la rendre plus attrayante, c’est encore le Cardinal Ratzinger qui nous avertit : « La liturgie n’est pas un show, un spectacle qui ait besoin de metteurs en scène géniaux, d’acteurs de talent. La liturgie ne vit pas de surprises ‘sympathiques’, de ‘trouvailles’ captivantes, mais de répétitions solennelles. »

Disons alors quelques mots de la solennité. Il ne faut surtout pas la confondre avec le décorum. Loin de peser comme une surcharge, la solennisation des rites veut exprimer par transparence l’éclat du surnaturel, du sacré. Parvenue à une certaine hauteur, toute liturgie sacrée tend au moyen d’un rituel à nous faire sortir du banal et du quotidien, non pas dans un but esthétique, mais pour suggérer au regard des fidèles que l’action qui se déroule vient de Dieu. La majesté du déploiement liturgique n’a pas d’autre fin, elle signifie que quelque chose de céleste vient toucher la terre.

St Grégoire, le grand pape du VIème siècle, écrit dans ses Dialogues : « A l’heure du sacrifice, le Ciel s’ouvre à la voix du prêtre : en ce mystère de Jésus-Christ, les chœurs des anges sont présents, ce qui est en haut vient rejoindre ce qui est en bas, le Ciel et la terre s’unissent, le visible et l’invisible ne font plus qu’un. »

La solennité du culte est partie intégrante de la liturgie catholique et doit être cultivée comme un élément de son propre message. Les accusations de triomphalisme sont une insulte à la joie des pauvres qui aiment voir exalter la grandeur. Voici encore ce qu’en pense le Cardinal Ratzinger : « Il n’y a pas traces du triomphalisme dans la solennité du culte avec laquelle l’Église exprime la gloire de Dieu, la joie de la Foi, la victoire de la vérité et de la lumière sur l’erreur et les ténèbres. La richesse liturgique n’est pas la richesse de quelque caste sacerdotale : c’est la richesse de tous, des pauvres aussi, qui la désirent en fait et ne s’en scandalisent absolument pas. »

Je vais maintenant traiter d’un autre bienfait du sacré dans l’Église : il nous donne en effet le sens de l’Église. Ce que les théologiens appellent le ‘sensus Ecclesiae’, le sens de l’Église est une sensibilité surnaturelle par laquelle les fidèles sentent comme par intuition ce qui est conforme à la Foi et à la Tradition de l’Église, un peu comme les enfants d’une famille sentent ce qui est en accord et en opposition avec l’esprit de la maison : « Chez nous, on ne fait pas des choses comme ça », diront-ils. Ce ‘sens de l’Église’ n’est pas toujours le fruit d’un enseignement : il est transmis à travers la liturgie.

Les papes savent très bien que le peuple ne lit pas les encycliques. Lorsque Pie XI écrivit ‘Quas Primas’, sa grande encyclique sur le Christ-Roi, il avait comme dessein arrêté de combattre ce qu’il appelait la ‘peste du laïcisme’. Or le texte même de l’encyclique contenait l’annonce d’une fête nouvelle en l’honneur de la royauté sociale du Rédempteur. Voici comment Pie XI justifia l’introduction de cette messe inconnue jusqu’alors dans le cycle de l’année liturgique : « Pour pénétrer les peuples des vérités de la Foi et l’élever ainsi aux joies de la vie intérieure, les solennités annuelles des fêtes liturgiques sont bien plus efficaces que tous les documents, même les plus graves, du Magistère ecclésiastique : ceux-ci n’atteignent habituellement que le petit nombre et les plus cultivés… celles-là étendent leur influence salutaire au cœur et à l’intelligence donc à l’homme tout entier. »

On aperçoit là le lien étroit qui unit Foi et liturgie. Avec la liturgie, j’entre dans l’être de l’Église, dans son sanctuaire intime. Je vois qu’elle vient de Dieu, donc qu’elle sait mieux que moi comment croire, comment parler à Dieu, comment se tenir devant la majesté divine, et quand je dis l’amen qui conclut ses oraisons, je souscris une pensée objective que je fais mienne et qui me dépasse infiniment. Ainsi s’acquiert peu à peu cet instinct surnaturel qui conduira tout naturellement les fidèles au ‘sentire cum Ecclesia’ : le goût de sentir et penser avec l’Église.

Lorsque dans les terribles années ’70 de l’après concile, un clergé dévastateur brocardait grégorien, rites sacrés, culte des anges et des saints ; ce qui sauva la foi dans le peuple chrétien se fut l’amour de ses choses saintes que la liturgie avait allumé dans les cœurs. Et l’Église elle-même si attaquée et parfois hélas ! si mal représentée, comment pourrions-nous lui garder notre admiration et notre amour, si ce n’est par l’influence douce et continue de sa prière et de ses sacrements ? C’est là que nous la reconnaissons comme Vierge et Mère, composée de pécheurs, mais sans péché, enfoncée dans le temps mais appartenant déjà à l’éternité par l’attirance qu’exerce sur son Corps le Chef parvenu dans la gloire.

Comment fidèles et incroyants reconnaîtraient-ils le visage de l’Église notre Mère si elle-même ne faisait preuve constamment de ce qu’on pourrait appeler sa puissance de sanctification ? Dom Vonier, fondateur de l’abbaye de Buckfast en Angleterre, remarque : « La puissance que l’Église catholique possède de sanctifier est vraiment prodigieuse : elle n’en fait pas de secret, elle le proclame devant le monde entier : elle remplit sa mission spéciale, d’une manière magnifique comme reine du monde spirituel. La consécration ou dédicace d’un église est la contre-partie, inspirée par Dieu, des efforts de l’esprit impur dont le Christ dans l’Evangile nous a donné le tableau. L’Église livre un assaut à la construction matérielle achevée, elle y entre en gloire et en grâce et elle invite ses enfants à la suivre et à trouver du repos pour leurs âmes dans une maison réservée à la sainteté. »

Si nous interrogeons les convertis, leurs témoignages iront toujours dans le même sens. Citons André Charlier encore une fois : « le jeune homme que j’étais à 18 ans qui cherchait son chemin dans une grande ténèbre, en quête d’une vérité qu’il pressentait confusément : une vérité vivante, faite pour l’âme et non seulement pour l’esprit, eu la révélation de la sainteté par le chant grégorien. Dans sa nudité et sa simplicité, le chant grégorien me menait beaucoup plus loin que les musiques humaines, il me faisait entrevoir la réalité de ces mystères que je ne soupçonnait pas : il m’emplissait de cette ‘plénitude de Dieu’ dont parle St Paul : il me disait que cette plénitude état pour moi si je voulais : j’avais la certitude que c’était Dieu lui-même qui me parlait par ce chant. »

Dom Gramont, à l’issue d’une messe solennelle à laquelle assistaient des pasteurs protestants, remarqua l’un d’eux bouleversé qui se dirigeait vers lui en s’exclamant dans un transport : « J’ai vu l’Église ! ». Il l’avait vu à travers le sacré, à travers les déploiments de sa plus pure et plus antique tradition. C’est par les paroles, les chants et par les rituels immuables de la liturgie que l’âme chrétienne se trouve reliée à une patrie qui transcende les siècles.

À l’aube de ce troisième millénaire, qui peut douter que nous vivons des temps difficiles ? Tout cela a été clairement annoncé par Notre Seigneur lui-même dans l’Évangile. Notre Dame à Fatima, il y a maintenant presque un siècle nous a donné les remèdes : la prière et la pénitence. Le monde dans lequel nous vivons a oublié Dieu. Et nous qui vivons dans ce monde, comment pourrions-nous ne pas être affecté par cela ?

Les évènements de ces deux semaines passés ont montré combien est fragile la société. Actuellement nous ne connaissons pas la suite. C’est un signe, peut-être, pour nous réveiller. Ce soir j’ai essayé de vous montrer l’importance du sacré dans la vie de l’Église : cela ne doit pas rester quelque chose de théorétique. Si nous aimons Dieu, si nous aimons son Église, nous devons passer à l’acte. Vous me direz que vous ne pouvez peu de choses. Ce n’est pas vrai ! Par vos prières, par vos sacrifices, en vous sanctifiant d’avantage, vous pouvez faire beaucoup. C’est tout que Notre Seigneur demande de nous. Ainsi nous pouvons contribuer à la victoire finale de notre sainte Mère, l’Église Catholique.